Apostolos Georgiou, peintures à partager

« Je voulais devenir comédien puis musicien. J’aime la musique plus que tout. Mais c’était plus facile de devenir peintre, on peut avoir du matériel très facilement. J’ai choisi d’être peintre et je ne me suis jamais arrêté car je suis une personne très obsessionnelle. La peinture est aussi une expression si ancienne, tant de choses ont déjà été faites, c’est très intéressant et c’est un vrai défi de faire les choses d’une manière différente, de ne pas être ennuyeux.

Ma première œuvre d’art, j’avais 15 ans, c’était une aquarelle qui m’a rendu un peu fier, avec des gouttes placées en diagonale. Alors après ça, j’ai commencé à peindre tous les jours ce que je pouvais, plus abstrait que figuratif. C’était une chose sérieuse pour moi, j’étais un peu fanatique à l’époque. Je travaillais sur les surfaces, à diviser les surfaces.

Puis je tombe amoureux de ma professeur d’art japonaise. Je voulais l’impressionner et je pense que je l’ai fait mais j’étais très timide. J’ai fait des tableaux de peinture abstraite avec un objet racontant des histoires. Je voulais quelque chose de nouveau et de frais, de provocateur dans le concept, mais joliment peint, pas fait avec une peinture sauvage ou un geste expressionniste comme Pollock.

Aujourd’hui, j’ai 68 ans et, en fait, ma façon de travailler est très similaire. »


Apostolos Georgiou, Untitled, 2015, Acrylic on canvas, 230 x 280 cm – Collection MNAM, Centre Pompidou, Paris, courtesy the artist and gb agency, Pari

Apostolos Georgiou est un peintre grec, né à Thessalonique en 1952, qui vit et travaille entre Athènes et Skopelos. Internationalement connu pour ses peintures lumineuses aux couleurs ocres, vert menthe, il place dans ses espaces vacants des personnages anonymes dans des situations tragi-comiques ou absurdes. On ne sait pas trop, c’est captivant et ambigu. Evidemment on pourrait y voire des allégories de la situation actuelle que traverse son pays, mais ce serait réducteur car il renvoie à la condition humaine à travers la création de petites mythologies du quotidien. Sylvia Kouvaly, et Rodéo Gallery l’ont redécouvert après un long retrait de la scène artistique, il n’avait pas exposé depuis 17 ans. Elle montra son travail à la Frieze à Londres, ce qui changea le cours de sa carrière à 58 ans. Puis, à la Frieze New York  Il rencontra Solène Guillier de GB Agency qui présente actuellement à Paris sa quatrième exposition monographique (à voir jusqu’au 17 Octobre). Son travail figure actuellement dans les plus grandes collections privées et publiques, du Centre Pompidou à la Deste Foundation par exemple. Ses derniers travaux vont être exposés à la Passerelle de Brest à partir du 17 Octobre (jusqu’au 16 Janv 2021).


Apostolos Georgiou, Untitled, 2016, Acrylic on canvas, 230 x 280 cm – Private Collection, courtesy the artist and gb agency

« Je n’arrête pas de penser à la structure d’une peinture. Au début, j’écrivais mes idées, après 50 ans je les dessine. C’est toujours une histoire avec une situation familière mais traitée d’une manière ambiguë. Parce que nous ne savons jamais.

Selon moi, l’art est une construction qui vous fait sentir que vous n’êtes pas seul, quelqu’un souffre aussi, vous n’êtes pas le seul, voleur ou sans-abri,  ou qui que vous soyez. Je suis très reconnaissant à tous les compositeurs, car la musique est pour moi la forme d’art la plus importante.


Apostolos Georgiou, Untitled, 2018, Acrylic on canvas, 300 x 230 cm – Courtesy the artist and gb agency, Paris

J’adore les images, les photos dans les magazines, les dessins, beaucoup de choses m’intéressent… Enfant, j’aimais copier, surtout Picasso. Sinon ma famille, ma mère, ma ville, sont pour moi de grandes sources d’inspiration.

Je suis toujours un provocateur, en tant que fils, en tant qu’ami, donc en tant que peintre aussi, c’est ma personnalité.

Mais au fil du temps, ma provocation a changé et les questions et les séries ont changé, de manière plus philosophique.

Dans ce tableau, l’homme essaie de garder en mouvement ces mondes et de ne rien perdre, oui il essaie de faire tourner les mondes. Chacun en a plusieurs et essaie de faire beaucoup de choses. Je m’intéresse vraiment à l’espace entre deux mondes, c’est là que l’on a le goût de la confusion.

Apostolos Georgiou « Untitled »2012. Acrylic on canvas 220 x 220 cm. Collection de la National Gallery of  Victoria, Melbourne, courtesy the artist and Rodeo Gallery, London

Dans ce tableau-ci, ce n’est presque rien, seulement un geste, de la tendresse. Celui-là je ne l’aurais jamais peint plus jeune! (rires).

Apostolos Georgiou, Untitled, 2019, Acrylic on canvas, 230 x 230 cm, private collection – Courtesy the artist and gb agency, Paris

La crise du Covid m’a coupé l’envie de marcher en ville, je fais de la gym à la maison et je suis toujours en vie. (rires) Les gens n’acceptent pas qu’ils ne peuvent pas tout contrôler, cela apporte beaucoup de stupidité comme toutes ces thèses de complot. Pour ma génération, il y a eu le SIDA, les effets ont été bien plus forts que ça. Le virus Covid a de nouveau foutu en l’air l’économie grecque qui avait connu une très légère reprise. Mais ici avec un tel paysage, nous réussirons toujours à survivre.


Apostolos Georgiou, Untitled, 2014, Acrylic on Canvas, 230 x 160 cm – Courtesy the artist and gb agency, Paris

A un jeune artiste, je recommanderai d’avoir un endroit pour lui-même, de ne pas partager son atelier et ensuite de travailler dur. Et d’arriver plus tard sur le marché de l’art, alors vous êtes plus fort, vous savez qui vous êtes et ce que vous voulez.

La magie de l’art, c’est qu’avec un crayon et un papier, cela peut être le pire ou le meilleur. »

Entretien réalisé par téléphone, en anglais par Valentine Meyer, 1er octobre 2020.

Pour en connaitre plus sur le travail de Apostolos Georgiou, voici un lien vers sa galerie 

http://www.gbagency.fr/fr/572/Apostolos-Georgiou/#!/Untitled-2019/site_medias_listes/2868

Apostolos Georgiou, paintings to share.

« I wanted to become a comedian and then a musician. I love music more than everything. But it was easier to become a painter, you can have basically material very easily. I choose to be a painter and then I never stop, as I am a very obsessed person. Painting is also such an old expression, so much has been already done, it is very interesting and a big challenge to make things in a different way, not to be boring.

My first piece of art, I was 15, it was a watercolor that makes me kind of proud, with drops placed diagonally. So after that, I start to paint everyday what I could, more abstract than figurative. It was a serious thing to me, I was kind of fanatic those times. I was working on surfaces, dividing surfaces. 

Then I fall in love with our japanese art teacher. I wanted to impress her and I think I did but I was very shy. I did abstract painting with one object telling stories. I wanted something new and fresh, provocative in the concept, but nicely painted, not made with wild painting or expressionist gesture like Pollock. 

Now I am 68, and as a matter of fact, the way I am working is very similar. »


Apostolos Georgiou, Untitled, 2017, Acrylic on canvas, 230 x 230 cm  – Courtesy the artist and gb agency, Paris

Apostolos Georgiou is a Greek painter, born in Thessaloniki in 1952,he is living and working between Athens and Skopelos. Internationally known for his paintings in ocher and mint green colors, he places anonymous characters in his vacant spaces in tragicomic or absurd situations. We don’t really know, it’s captivating and ambiguous. Obviously we could see allegories of the current situation that his country is going through, but that would be reductive because it refers to the human condition through the creation of small mythologies of everyday life. Sylvia Kouvaly, and Rodeo Gallery rediscovered him after a long withdrawal from the art scene, he had not exhibited for 17 years. She showed her work at the Frieze in London, which changed the course of her career at 58. Then, at Frieze New York, he met Solène Guillier of GB Agency who is currently presenting his forth monographic exhibition in Paris (to be seen until October 17). His work is currently in the largest private and public collections, from the Center Pompidou to the Deste Foundation for example. His recent works will be exhibited at La Passerelle de Brest from October 17 (until Jan 16, 2021).

« I have studied architecture as a painter in Vienna for two years. It is true that I am a freak control, I am always thinking about structure of the painting. At first I was writing my ideas, after 50 years I was drawing them. It is always a story about a familiar situation but in a mysterious way. Because we never know.

According to me, art is a construction that makes you feel you are not alone, someone is also suffering, You are not the only one, thief or homeless, whoever. I am very grateful to all composers, as music is for me the most important form of art.

But I love images, photos in magazine, drawings, many things interest me .… As a child, I used to like to copy, especially Picasso. Otherwise my family, my mother, my city, are great sources of inspiration to me.

I am still a provocateur, as a son, as a friend, so as a painter also, it’s my personality.

But over time, my provocation has changed and the questions and the series have changed, in a more philosophical way.

In this painting « Sans Titres » the man tries to keep in movement those worlds moving and not to loose anything,  he tries to keep the worlds go round. Everybody has many worlds and tries to do many things. I am really interested in the space between 2 worlds, there is where you get the taste of confusion. 

Apostolos Georgiou « Untitled »2012. Acrylic on canvas 220 x 220 cm. Collection de la National Gallery of  Victoria, Melbourne, courtesy the artist and Rodeo Gallery, London

In this painting, it is almost nothing, only a gesture like tenderness. That one I would never done it younger ! (laughs)

Apostolos Georgiou, Untitled, 2019, Acrylic on canvas, 230 x 230 cm, private collection – Courtesy the artist and gb agency, Paris

Covid Crisis cut my mood to walk in the city, I do gym at home and I am still alive. (laughs) People don’t accept they can’t control everything, It brings a lot of stupidity like conspiracy thesis. For my generation, there was AIDS, the effects were much stronger than that.The covid virus has fucked up again the economy after a very light recovering. But here with such a landscape, we will manage to survive. 

To a young artist, I will recommend to have a place for himself, not to share his studio first and then work hard. To go to the market later, then you are stronger, you know who you are and what you want. 

The magic thing about art is with a pencil and a paper it can be the worst or the best. »

Interview conducted by Valentine Meyer, 1st October 2020.

To discover more about  the work of Apostolos Georgiou, here the link to his gallery :

http://www.gbagency.fr/fr/572/Apostolos-Georgiou/#!/Untitled-2019/site_medias_listes/2868


Apostolos Georgiou, Untitled, 2016, Acrylic on canvas, 230 x 230 cm – private collection  – Courtesy the artist and gb agency, Paris

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